lunes, 28 de marzo de 2016

Le Théâtre en Angleterre


Élisabéthain


Si le nom de la « reine vierge », de la protestante passionnée que fut Élisabeth Ire, a été donné à la période la plus truculente et la plus violente de l'histoire de la scène anglaise, c'est qu'il symbolise, comme dans les domaines politique et spirituel, le plein épanouissement des caractéristiques nationales.
De la représentation de Gorboduc, de Sackville et Norton, en 1562, à la fermeture des salles de spectacle par le Parlement en 1642, le théâtre anglais – dépassant à la fois la farce médiévale, les interludes des divertissements royaux et les adaptations universitaires des tragiques et des comiques latins – a fait preuve, pendant plus de trois quarts de siècle, d'une vitalité et d'une originalité tout à fait exceptionnelles.
Malgré la méfiance et les condamnations des puritains, le théâtre unit dans une même passion l'aristocratie de la Cour, la plèbe des faubourgs, la bourgeoisie marchande. Le théâtre élisabéthain est un succès commercial et populaire (en 1629, Londres comptera dix-sept théâtres jouant tous les jours, contre un seul à Paris), animé par des troupes d'acteurs protégées par de nobles mécènes et suscitant l'imagination et la verve d'une foule d'auteurs dominés par la stature de Shakespeare, qui semble les résumer tous.
Dans son exubérance et sa diversité, le théâtre élisabéthain laisse apparaître quelques lignes de force : stylisation du décor, imbrication du tragique et du bouffon, prédilection pour la violence et le thème de la vengeance, angoisse métaphysique dissimulée sous un appétit forcené de jouissance et de connaissance, mélange de grossièreté verbale et de raffinement poétique.

Le théâtre élisabéthain rassemble des voix multiples : délicatesse de Lyly, outrance de Marlowe, sentimentalité de Dekker, cynisme de Marston, franchise de Jonson, subtilité de Ford, pathétique de Webster, satire sèche de Middleton, élégance romanesque de Beaumont et Fletcher, force rhétorique de Massinger, hermétisme poétique de Chapman… Cette variété, qui est la variété même de la vie, explique que le théâtre élisabéthain, par-delà une aventure historique et nationale, ait atteint d'emblée à une vérité humaine et universelle.

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